J'ai le sourire aux lèvres, les larmes aux yeux, le coeur en joie, la boule au ventre.
Je m'apprète à aller à ma réunion scout. D'ici quelques heurs. La dernière. La der des ders.
Et je me retourne, pour regarder derrière moi ce qu'il en reste de ces quatre années de scoutisme. De ces quatre années de bonheur, de vie. Et j'ai envie de chanter, de courir, de vivre.
Tout le monde n'a pas vécu ça. Tout le monde n'a pas vécu ces moments, où tout est tellement plus fort. Ces quinze jours de camp, où on mange pas pour vivre mais pour survivre, où on fond en larme trop souvent, où les cris de rage, de douleur, d'énervement, se mèlent au chant, aux rires, au bonheur pur, simple, mais plus vivace que n'importe où ailleurs dans ce monde. Tout est plus fort. Tout. Le bonheur comme la douleur. L'amitié comme la haine. On vit à du cent à l'heur, coupé du monde, de la société. Marginalisé, loin de ce monde de folie.
Le mot "Vivre", je l'ai appris là-bas, et nul part ailleurs. Là-bas, j'ai su ce que c'était, de faire un feu sous la drache en gueulant, parce que bordel JE MANGERAI PAS A TROIS HEURES DU MAT! J'ai su ce que c'était de rebouché la feuillée avec la rage du désespoir, pour oublier qu'au quatorzième jour, le bonheur prenait un gout de fin. Les 20 km parcouru en 4h sous la pluie, on-ne-sais-où perdu dans les champs, je les connais. J'en ai bavé. Et j'en ris à gorge déployée. Parce que tous les malheurs du monde peuvent arrivé là-bas, on s'en fou, on en rira demain.
Et je vous en ferai d'autre, de long discour, parce qu'ils m'emplissent de cette sentation idillique d'avoir vécu quelque chose, de finalement pas avoir eu une vie si perdue comme ça, et d'avoir gouté au bonheur.
Il me reste 17 putains de jour de camp, une réunion scout, et des réunions de patrouille. Et je les vivrai. Quoi qu'il doive en advenir après, je les vivrai à fond. Parce que vivre, vraiment, on peut pas le faire tous les jours.
Ainsi parlera Watussi.